La plupart des lecteurs potentiels me connaissent déjà, par l’Université, ma présence sur la sphère freelance ou par des rencontres virtuelles (ou non, il m’arrive de sortir de mon bureau).
Mais pour les autres qui suis-je ?
Geek dans les Landes : Malus de terrain
Issue d’une famille très modeste, j’ai grandi un peu partout en France, avant de me poser dans les Landes pour construire ma petite identité d’ado décalée.
Venir d’un milieu rural modeste, surtout dans le numérique, ce n’est pas seulement une difficulté pour devenir qui on est. C’est surtout et avant tout une histoire de transfuge de classe.
Les Landes font partie des départements qui ne disposent d’aucune Université, avec une offre de formation (et de réseau routier, haha) à poser délicatement au sol.
Peu de moyens, peu de formation, et plus ou moins aucune perspective d’évolution si le projet n’est ni le rugby, ni la chasse, ni l’armée.
Psychologie, mon premier amour
Face à mon manque d’intérêt affligeant pour la culture de mon pays des Landes, j’ai fui à Toulouse pour réaliser une licence de psychologie, orientée vers la psychophysio et neuropsy, après avoir renié notre père Freud. J’ai vendu mon âme à l’APSU, et réalisé mon stage scientifique auprès d’une thanatopractrice. Un truc sympa, avec une montre connectée pour vérifier la corrélation entre sa décentration cognitive et son niveau de stress “cardiaque”1.
Humanités numériques, une évidence
En fin de compte, l’ambiance en psycho ne me ressemblait pas. D’abord parce que la pression exercée sur les étudiants en licence en vue de la sélection master conduit à des comportements qui touchent mon petit coeur. Et quand j’ai finalement vu que toutes les personnes problématiques, qui avaient abusé des autres pendant la licence, étaient sélectionnés, j’ai bifurqué.
J’avais mangé tellement de MOOCs et formations privées au cours de ma licence, qu’en fin de compte j’étais plus passionnée par la pédagogie que la psychologie. Et puis, je crois qu’en me lisant vous entendez que la psycho, ce n’était pas vraiment pour moi.
J’ai découvert les Humanités Numériques, et le master de l’Université Paul-Valéry porté à ce moment par Bruno Bonu et François Perea. Et j’ai tout donné pour y entrer. Je n’ai d’ailleurs, jamais quitté l’équipe depuis.
Slasheuse, webmarketer, digital humanities engineer
Dès la sortie du baccalauréat, dans mes tribulations de geek perdue dans les forêts de pins, j’ai suivi plusieurs formations en webmarketing, webdesign et surtout rédaction web. J’ai déterré ces compétences et remonté mon entreprise en 2019 pour séduire le comité de sélection du master, et me remettre en selle.
Je ne m’aventure pas aux étiquettes identitaires, mais je crois que mon mode de gestion des opportunités professionnelles me conduit indubitablement vers l’étiquette de “Slasheuse”. Développeur web à mes heures perdues pour CORE-HN, Webmarketer et rédactrice pour mes clients, Ingénieure pédagogique contractuelle au moment où j’écris ces mots, et baby chercheuse en sciences du langage…
Mes semaines sont riches, et je suis souvent perçue comme un électron libre contenue par un labyrinthe de méthodologie et d’organisation.
UR LHUMAIN, un écho
J’ai eu la chance d’attirer le regard de deux personnes que je ne remercierai jamais assez. Et que ma vision du monde a trouvé un véritable écho dans la philosophie de LHUMAIN, l’unité de recherche qui m’accueille depuis que je suis diplômée.
Tous les chercheurs ont une posture de science “impliquée”, qui mêle à la fois une forme d’application de la science dans les usages, mais aussi et surtout un intérêt pour les sujet sensibles. Dans le paysage scientifique, je ne fais pâlir personne avec mon intérêt pour la psychiatrie et mon stage en thanato. Mon directeur de thèse a analysé le discours des films pornographiques et réalisé une ethnographie au sein d’un bar pour analyser le discours de dépendants à l’alcool. Et ma co-directrice de thèse a consacré 10 ans de sa carrière à l’enseignement en prison, au moyen de modules numériques.
Par ailleurs, le paradigme de la complexité, car Edgar Morin est le parrain de l’UR LHUMAIN, est un challenge de chaque instant. Notamment parce que mon cerveau TSA a déjà une grande difficulté à abstraire les détails, alors ça m’encourage (à tort, je pense) alors que j’ai passé 20 ans à établir des stratégies pour me soustraire à ces détails. Mais aussi et surtout parce que je crois profondément que la complexité est l’exact inverse d’un frein à la compréhension, particulièrement pour favoriser une empathie cognitive. Et je pense qu’il est de notre rôle, en SHS, de révéler non seulement la part objective, complexe, des objets et sujets observés, mais aussi la part subjective, avec là encore, toute la complexité et la singularité des expériences humaines observées. Car, aucun modèle ne saurait représenter cette complexité sans la travestir.
Pour une fois, je me permets une présentation sans fioriture, très personnelle, pour ce digital garden.
Je pense que mon style rédactionnel est très proche de ma personne en face à face. Alors j’espère vous décrocher un sourire au travers de sujets très sérieux, sensibles et impliqués que j’aborde ici.
Footnotes
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Le stress “cardiaque”, ou plutôt la manifestation cardiaque du stress est mesurée au moyen de la variation du rythme cardiaque. Plus ce ratio de variation (“HRV” pour ceux qui veulent chercher quelques références) est élevé, plus le stress est avéré. ↩